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Rencontre avec Marie Modiano pour Franche connexion #25

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Marie Modiano . Peter von Poehl

Dans la famille Modiano, l'ombre du père Patrick plane sur le patronyme comme l'Arc de triomphe sur la place de l'Etoile. Le romancier, est devenu une référence vivante du roman contemporain. Dans les creux de son histoire littéraire il y a Zina et Marie, ses deux filles, l'une embrasse la réalisation, la seconde se plait dans la musique.

Et je suis sûr qu'au début, j'écoutais les premières parutions discographiques de Marie Modiano pour de mauvaises raisons. Moins musicales que people, j'y cherchais sans doute les traces de filiation avec l'homme qui a hanté mes années de fac' à Bruxelles. Musicalement la folk / jazzy de ses débuts en 2006 et 2008, je la trouvais sympathique, mais sans doute aussi sympathique que celle de plusieurs groupes autoproduits qui me passent chaque jour par les oreilles. En 2013, en compagnie discrète de son mari suédois Peter von Poehl - découvert jadis dans les AS Dragon poulains de Bertrand Burgalat sur son label Tricatel-, elle publie consécutivement deux albums : Ram on Flag, et Espérance mathématique.

Le premier m'a fait apprécier Marie Modiano pour ce qu'elle est vraiment, une auteure interprète efficace. Ram on flag est une collection de petites chansons anglo-saxonnes simples, accrocheuses, nourries de l'expérience folk / jazzy de Marie, mais tournées dans un univers pop où on croit reconnaître la patte de sa moitié à la ville comme à la scène. Espérance mathématique est l'autre versant de Marie Modiano. Le disque qui arpente la voie familiale de l'écriture. Est-il d'ailleurs symptomatique qu'elle ait scindé ses deux essais en deux albums différents, deux langues différentes ? On songe à la littérature française, on se remémore le pont Mirabeau de Guillaume Apollinaire, on se rappelle le slam qui a eu ses quelques minutes de gloire ; on se souvient aussi, soudain, que Marie Modiano a publié l'an dernier un premier roman « Upsilon Scorpii ». Peter von Poehl met en son l'ensemble de ce qui était d'abord un recueil de poésie, avec la force des alloglottes à s'approprier la musicalité de la langue française. Comme on produirait de la musique de film ou un écrin discrètement ouvragé.

Une fin d'après midi hivernale, grâce à la complaisance chaleureuse de notre hôte, dans le Paris Boogie Speakeasy dont les pianos clandestins accueillent de temps à autres nos rencontres musicales, nous avons eu la chance de rassembler le duo aurige de la destinée des deux récents albums de Marie Modiano. Peter, délesté de sa traditionnelle crinière dorée descend de son vélo pliable, sa guitare sur le dos. Les deux artistes s'installent au piano. La complicité est évidente. Elle se lit dans les regards des deux musiciens, elle s'insinue dans de petits gestes prévenants dont seuls les couples qui s'aiment ont le secret. Marie et Peter nous gratifient d'un premier extrait de Ram on flag : acoustique et charmant. Les deux voix s'y mèlent avec une harmonie que je n'avais pas repérée sur le disque. Puis nous demandons à Marie si elle peut nous interpréter un extrait d'Espérance mathématique, pour l'entendre évoquer sa langue française. Elle s'exécute non sans rédiger d'abord sur un petit carnet, les paroles de qui sera dans quelques minutes une chanson. Plaisir d'imaginer l'acte d'écriture en cours de création dans un petit carnet à l'écriture posée et rectiligne.

Nous goûtons à l'instant, je redécouvre Marie Modiano. Plus tard, les jeunes parents s'éclipsent soumis aux devoir de leur tâche. Reste ce petit mment quelque part dans les sous-sols du 17e arrondissement. Un petit moment que nous partageons avec vous.
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