Son thermomètre indique 5 degrés, le nôtre à peine 8… Quoi qu’il en soit, le ressenti est indéniable et le froid saisissant dans la chambre de sa fille comme dans la sienne. Cécile vit sans chauffage ni eau chaude depuis dix jours dans son 3 pièces de Suresnes. Sa chaudière, défaillante, l’a lâchée début décembre. Après une détection de monoxyde de carbone (un gaz potentiellement mortel), le gaz a été coupé dans l’appartement. Conséquence : plus de chauffage, plus d’eau chaude, plus de gazinière. Depuis, les pièces nécessaires à la réparation de la chaudière sont arrivées mais la présence d’un agent du fournisseur de gaz, en l’occurrence GRDF, est indispensable pour remettre la chaudière en fonctionnement. Problème : une partie du personnel de GRDF est en grève depuis plusieurs semaines et les délais de certaines interventions s’allongent. « On est obligés de faire chauffer des casseroles d’eau chaude pour se doucher. C’est catastrophique, ça mine un peu ma fille aussi parce qu’on n’a plus le confort… ». Pour lutter contre le froid, Cécile et sa fille de 14 ans ont donc déserté leurs chambres et investi le salon, où elle a installé l’un des trois chauffages d’appoint électrique qu’elle s’est procurée. « J’ai préféré centraliser la pièce de vie et le couchage dans la salle à manger donc je dors avec ma fille dans cette pièce de 11m². Dans le séjour, il fait 11 ou 12 degrés mais, avec les bains d’huile (Ndlr, radiateurs d’appoint), on arrive à des températures correctes ». Selon GRDF, 1000 clients environ sont impactés par cette grève. « Nous rétablissons environ 150 clients par jour, explique une porte-parole de la filiale d’Engie. Mais de nouveaux cas nous arrivent tous les jours, nous empêchant d’avancer plus vite. » La direction de GRDF a signé un accord salarial majoritaire le 18 novembre avec trois syndicats (CFDT, CFE-Energie, FO) prévoyant 2,3% d'augmentation pour tous, en complément d'une augmentation du salaire national de base (SNB) obtenue au niveau de la branche. Mais pas avec la CGT, majoritaire dans l'entreprise avec 48% des voix, qui demande 2,3% supplémentaires et qui a reconduit la grève jusqu’au 3 février prochain. « Que les gens fassent la grève, je peux comprendre (…), mais qu’il n’y ait pas de service d’urgence, ça je ne comprends pas. Je ne comprends pas qu’on laisse les gens dans des situations comme ça en plein hiver… », conclut Cécile.
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